Manifeste pour un humanisme diplomatique : repenser l’ordre mondial à l’heure des fractures globales

Préface

« Le devoir d’espérer est plus qu’un luxe : c’est une exigence morale. »

– Albert Camus

Ce manifeste est né d’une conviction profonde : celle que le XXIe siècle exige de repenser intégralement la diplomatie, non plus comme un simple exercice de rapports de force, mais comme l’art de bâtir un monde partagé, digne et durable.

Il s’inscrit dans l’héritage vivant de la pensée de Dominique de Villepin, dont la voix, à la tribune des Nations unies en 2003, porta au monde un message d’indépendance, de lucidité et de responsabilité collective. Mais il ne s’agit pas ici d’une simple fidélité aux souvenirs glorieux du passé ; il s’agit de prolonger cet esprit dans la complexité inédite de notre époque.

À l’heure où les fractures mondiales se multiplient — entre Nord et Sud, entre puissances établies et émergentes, entre générations, entre humanité et nature elle-même — le temps n’est plus aux demi-mesures. Ce manifeste appelle à l’éveil d’une conscience diplomatique renouvelée, qui dépasse les slogans pour embrasser l’humanité dans toute sa diversité et sa profondeur.

Nous faisons face non pas à une simple accumulation de crises, mais à une transformation systémique de notre planète :

• Un déséquilibre économique qui condamne des milliards d’êtres humains à la précarité pendant que s’accroissent les rentes d’une minorité.

• Une urgence écologique qui met en péril la survie même de la civilisation humaine.

• Une fragmentation politique et culturelle qui alimente les populismes, les replis identitaires et les nationalismes aveugles.

• Une révolution technologique qui bouleverse la nature humaine et redistribue brutalement les équilibres du pouvoir.

Face à ces périls, le choix est désormais binaire : renaissance ou effondrement. Car ce que nous jouons n’est rien de moins que l’avenir même de la civilisation. Si nous échouons, ce n’est pas seulement l’ordre mondial qui vacillera, mais la survie de nos sociétés humaines dans leur ensemble — vers un chaos global, des guerres civiles planétaires, l’épuisement irréversible des ressources vitales, la tentation d’un retour à la barbarie.

Ce manifeste trace un chemin pour éviter cet abîme : celui d’un humanisme diplomatique authentique, fondé sur la responsabilité partagée, l’éthique de la coopération, la dignité des peuples, et la lucidité stratégique.

Ce texte est un appel solennel :

• Aux dirigeants du monde entier, pour qu’ils abandonnent les logiques de domination au profit de celles de partenariat équitable.

• Aux sociétés civiles, pour qu’elles fassent entendre leur voix dans les enceintes de la gouvernance mondiale.

• Aux jeunesses du monde, premières concernées par l’avenir, pour qu’elles prennent part à la construction d’un avenir de paix et de justice.

• À l’Europe, berceau de tant de guerres et d’espoirs, afin qu’elle assume pleinement son rôle d’architecte d’équilibres mondiaux.

• À l’Afrique, poumon démographique et espérance stratégique du siècle à venir, pour qu’elle ne soit plus spectatrice mais actrice de sa destinée.

• À l’Amérique latine, vaste continent d’expériences démocratiques et de résistances populaires, afin qu’elle offre au monde ses exemples de résilience sociale.

• À l’Asie du Sud-Est et à ses dynamiques régionales, pour qu’elles deviennent un laboratoire de coopération constructive entre cultures et puissances diverses.

• Au Moyen-Orient, berceau des civilisations et des convulsions tragiques, pour qu’il retrouve sa vocation historique de carrefour d’échanges et de paix.

• À la Francophonie, formidable levier d’influence culturelle et politique, pour porter un message universel de diversité, de solidarité et de progrès commun.

Ce manifeste entend dépasser les frontières traditionnelles des doctrines diplomatiques. Il mêle les enseignements du passé aux nécessités de l’avenir, les valeurs immuables aux innovations indispensables. Il propose de refonder les règles du jeu international sur une base éthique solide, éclairée par la mémoire des tragédies passées et l’ambition de prévenir celles à venir.

C’est une contribution à la fois théorique et pratique, destinée aux diplomates, aux chercheurs, aux décideurs, mais aussi à chaque citoyen du monde, car dans un monde interdépendant, la diplomatie n’est plus le monopole des chancelleries. Elle devient l’affaire de tous.

Que ce manifeste serve d’inspiration, de boussole et d’instrument d’action. Qu’il alimente les débats les plus exigeants et les engagements les plus concrets.

Face à la tempête qui vient, il est plus que jamais nécessaire de croire dans la force de l’intelligence collective et dans la puissance du dialogue des civilisations.

Avec fidélité à l’héritage et audace pour l’avenir.

Dr. Naim Asas

13 avril 2025

Sommaire

Préface

I. Héritages de la diplomatie de Villepin : entre conviction et stratégie

II. Le désordre mondial : de l’unilatéralisme à la fragmentation globale

III. Le multilatéralisme de conviction : vers une nouvelle architecture mondiale

IV. La souveraineté des nations et la dignité des peuples

V. Économie, écologie, justice sociale : l’alchimie d’un nouvel équilibre mondial

VI. Vers une diplomatie de l’anticipation et de la responsabilité collective

VII. Pour un humanisme diplomatique renouvelé

Conclusion solennelle

I. Héritages de la diplomatie de Villepin, entre conviction et stratégie

Dans l’histoire contemporaine des relations internationales, certains moments échappent à l’écume des événements pour s’inscrire dans la mémoire durable de l’humanité. Le discours historique devant le Conseil de sécurité de l’ONU, en février 2003, demeure l’un de ces instants décisifs. Par son éloquence mêlant clarté morale et vision stratégique, Dominique de Villepin opposa un refus argumenté à l’aventurisme militaire en Irak, incarnant ce que la diplomatie française peut offrir de plus élevé : l’indépendance de jugement au service de l’ordre mondial.

Ce discours dépassait largement son contexte immédiat. Il affirmait que la légitimité de l’action internationale ne se mesure pas seulement à l’aune des procédures juridiques, mais aussi à la hauteur morale de ses finalités. Ce fut un rappel magistral que la souveraineté des peuples, la recherche inlassable du dialogue, et la primauté du droit international sont les piliers d’une paix durable.

Plus qu’un moment d’éloquence, ce fut une leçon pour l’histoire : face à la pression des puissances dominantes, une voix lucide peut peser dans la balance du destin collectif. Villepin démontrait que la parole diplomatique, lorsqu’elle est portée par la conviction éthique, peut être plus puissante que la force brute des armes.

Mais l’enseignement ne s’arrête pas là. Dans ses interventions ultérieures, dans les assemblées, conférences internationales et commissions parlementaires, il a tracé une feuille de route précieuse pour notre époque. Il mit en garde avec constance :

• Contre la dérive des démocraties vers le repli sur elles-mêmes, fragilisées par la montée des populismes.

• Contre le risque de dislocation européenne si le projet communautaire se réduit à un marché économique déconnecté des peuples.

• Contre l’abandon par l’Europe de son voisinage stratégique : Méditerranée, Afrique et espace francophone, essentiels à sa stabilité et à sa vocation historique d’équilibre mondial.

• Contre l’aveuglement des élites occidentales face à la montée en puissance des nations émergentes et au basculement démographique global qui redessine la carte du pouvoir mondial.

Ces avertissements n’étaient pas de simples prophéties pessimistes. Ils étaient les balises d’une pensée stratégique ancrée dans le réel : comprendre les déséquilibres pour les anticiper, refuser la logique du fait accompli, et oser penser l’ordre mondial non pas comme un jeu à somme nulle, mais comme une œuvre collective au bénéfice de tous.

Ce manifeste s’inscrit dans cette filiation, tout en franchissant une étape supplémentaire pour le rendre universel et contemporain.

Nous actualisons ici l’intuition villepinienne en l’ouvrant sur toutes les réalités de 2025 :

• La montée des puissances intermédiaires comme l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, qui refusent le rôle de figurants dans un ordre international écrit par d’autres.

• Le basculement démographique vers l’Afrique, acteur incontournable pour des raisons économiques, alimentaires, climatiques, sécuritaires.

• La nécessité de dépasser les clivages Est-Ouest, Nord-Sud, pour entrer dans l’ère des coalitions d’objectifs, souples, inclusives et efficaces.

• L’appel à une vigilance accrue face aux révolutions technologiques (IA, biotechnologies), qui peuvent aussi bien libérer l’humanité que l’asservir.

Comme le disait Hannah Arendt : « Le pouvoir naît là où les hommes agissent ensemble. »

La mémoire du discours de 2003 nous enseigne que l’indépendance d’esprit n’est pas un luxe réservé aux grandes puissances, mais une nécessité stratégique pour toute nation qui veut compter dans l’élaboration du futur mondial. Elle enseigne aussi que la voix des nations moyennes et des sociétés civiles compte autant que celle des superpuissances si l’on veut bâtir un ordre fondé sur la dignité et la coopération plutôt que sur la force et l’hégémonie.

Ce manifeste ne prend pas parti dans les rivalités géopolitiques du moment. Il rejette les schémas manichéens qui opposent Est et Ouest, Sud et Nord, puissance montante et pouvoir établi. Il propose une neutralité active, une forme d’engagement supérieur qui transcende les blocs pour défendre les principes universels du droit, de la justice et de la paix.

Cette approche trouve son fondement dans la tradition des grands penseurs humanistes et dans la philosophie de l’équilibre. Elle épouse également la sagesse de Confucius, pour qui la gouvernance harmonieuse repose sur la vertu et l’exemplarité des dirigeants.

La leçon essentielle à retenir est limpide : dans un monde fracturé, les principes ne sont pas des entraves à la diplomatie, mais les fondations solides sur lesquelles élever une architecture de paix. Ils offrent la boussole indispensable face aux tempêtes des intérêts antagonistes et des rivalités exacerbées.

En réhabilitant une diplomatie des principes, de la responsabilité et de l’anticipation, ce manifeste propose une voie exigeante mais féconde pour redonner au monde des espaces de dialogue sincère et des perspectives de coopération durable.

C’est dans cette fidélité aux enseignements de la diplomatie lucide et éthique, enrichie des exigences contemporaines et des urgences de demain, que nous pouvons espérer forger un nouvel humanisme diplomatique.

II. Le désordre mondial : de l’unilatéralisme à la fragmentation

Nous entrons dans une époque où le désordre mondial n’est plus une menace lointaine, mais une réalité qui se déploie sous nos yeux, fracturant les fondations même de la coexistence humaine.

Le XXe siècle, malgré ses tragédies immenses, avait accouché d’un espoir : celui d’un monde organisé autour du multilatéralisme, du respect du droit international et de l’ambition d’une paix durable. Or, cette promesse se désagrège aujourd’hui à mesure que s’effacent les mécanismes de régulation collective.

L’unilatéralisme, d’abord discret, est devenu revendiqué. Les grandes puissances, grisées par leurs succès économiques ou militaires, n’hésitent plus à imposer leurs vues sans concertation véritable. Ce réflexe impérial, ancien mais réactivé, génère une dynamique de fragmentation systémique :

• Les États se replient sur leurs souverainetés étroites, oubliant l’interdépendance qui lie désormais le destin des nations.

• Les alliances traditionnelles s’effritent, souvent minées par la méfiance, la compétition commerciale, ou les divergences stratégiques profondes.

• Les rivalités régionales s’intensifient, que ce soit en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, ou en mer de Chine méridionale, menaçant la stabilité mondiale.

• Les institutions internationales, naguère garantes d’un équilibre fragile, peinent à prévenir les conflits ou à répondre aux crises globales.

Ce dérèglement généralisé n’est pas seulement diplomatique. Il est économique, écologique, technologique, idéologique. Il affecte la totalité du tissu planétaire.

Dans cette cacophonie mondiale, la société civile internationale tente d’élever la voix. Des mouvements citoyens, de New Delhi à Santiago, de Dakar à Paris, réclament une mondialisation plus juste, une gouvernance plus humaine, une planète préservée pour les générations futures.

Pourtant, la fragmentation gagne du terrain. Le philosophe Edgar Morin parle d’une « polycrise » mondiale : une addition de crises multiples qui s’alimentent mutuellement. Crise sanitaire, crise environnementale, crise économique, crise géopolitique : toutes se combinent et s’amplifient dans un enchevêtrement dangereux.

C’est ici que s’impose la lucidité stratégique de ce manifeste.

Si nous échouons à inverser cette dynamique de fragmentation, l’humanité s’exposera à un risque d’effondrement systémique.

Nous ne parlons pas d’un simple ralentissement du progrès, mais d’un retour brutal à la barbarie :

• Multiplication des conflits armés, parfois civils, sur fond de pénurie alimentaire et hydrique.

• Effondrement de la démocratie universelle, remplacée par des régimes autoritaires exploitant la peur et la désinformation.

• Rupture des chaînes d’approvisionnement vitales, provoquant famines et désastres économiques.

• Crises migratoires incontrôlables, nourries par le changement climatique et les conflits locaux.

• Polarisation extrême des sociétés, avec montée des radicalismes identitaires et religieux.

Ce scénario n’est pas une fiction apocalyptique. Il est inscrit en filigrane dans les rapports du GIEC, de la Banque mondiale, du FMI, et dans les analyses des plus grands penseurs stratégiques contemporains.

À l’inverse, l’histoire récente nous enseigne qu’il est possible de rompre avec la spirale du chaos. Les accords de paix en Colombie ont montré qu’une nation déchirée peut choisir la réconciliation. L’expérience de Porto Alegre en matière de démocratie participative prouve que les citoyens peuvent co-construire les décisions publiques. Les coopérations régionales en Afrique de l’Est ou au sein de l’ASEAN démontrent que la solidarité régionale est une réponse pertinente aux tensions globales.

Ces exemples ne sont pas des anecdotes, mais des balises pour l’action.

Il est urgent de replacer l’humanité dans son ensemble face à ses responsabilités collectives.

Nous devons bâtir un nouvel équilibre mondial, non plus fondé sur la compétition effrénée des égoïsmes nationaux, mais sur la co-responsabilité planétaire.

Nous devons sortir de la logique des blocs figés pour imaginer des alliances souples autour d’objectifs communs : climat, sécurité alimentaire, éthique des technologies, respect des droits humains fondamentaux.

Comme le rappelait Kant dans Vers la paix perpétuelle, “la paix ne réside pas seulement dans l’absence de guerre, mais dans l’existence d’un ordre fondé sur la justice et la raison.”

Ce manifeste s’inscrit dans cette lignée de pensée. Il entend dépasser les fractures apparentes pour appeler à la construction d’une gouvernance mondiale renouvelée, responsable, et solidaire.

Ce sera l’honneur de notre génération de choisir entre l’effondrement et le sursaut. Et notre responsabilité de bâtir les passerelles entre les peuples, avant que les abîmes ne se creusent irrémédiablement.

III. Le multilatéralisme de conviction : vers une nouvelle architecture mondiale

Dans un monde saturé d’interdépendances, croire que l’isolement peut être un refuge relève de l’illusion la plus dangereuse. Le XXIe siècle, par sa complexité irréductible, interdit la solitude des nations et exige un sursaut collectif de coopération.

Pourtant, la crise du multilatéralisme est bien réelle. Non pas par la faute des idéaux qui le fondent — qui demeurent vitaux — mais par la faillite des pratiques qui le dénaturent.

Ce n’est pas le concept du multilatéralisme qui est en cause, c’est son instrumentalisation.

Les grandes conférences internationales s’empilent, les sommets se succèdent, les communiqués finaux s’accumulent… mais sur le terrain, les populations souffrent d’une impuissance structurelle des institutions globales à répondre aux défis les plus urgents.

La pandémie de COVID-19 en fut une tragique démonstration : compétition pour les vaccins, nationalismes sanitaires, égoïsmes étatiques.

Cette dissonance entre les paroles et les actes a nourri une dangereuse désaffection citoyenne à l’égard des mécanismes internationaux.

Et c’est précisément ici que ce manifeste pose une exigence radicale : il ne faut pas seulement sauver le multilatéralisme, il faut le réinventer intégralement.

1. Passer du multilatéralisme des procédures au multilatéralisme de conviction

Il ne s’agit plus d’empiler des dispositifs technocratiques, mais d’engager un mouvement de conviction collective, fondé sur la sincérité des engagements et la volonté d’action partagée.

Il s’agit de rendre les enceintes internationales perméables à la réalité vécue des peuples.

➔ Le multilatéralisme de conviction repose sur l’intégration complète de la société civile mondiale, des jeunes générations, des mouvements pour le climat, des entreprises responsables et des penseurs avant-gardistes.

Cette révolution culturelle est indispensable.

Les diplomates doivent entendre les voix de ceux qui, quotidiennement, affrontent les conséquences des dérèglements globaux.

2. Moderniser les institutions pour les réancrer dans le réel

La réforme du Conseil de sécurité de l’ONU ne peut plus attendre. Il est indigne que des continents entiers, tels que l’Afrique ou l’Amérique du Sud, soient sous-représentés dans l’organe censé incarner la communauté internationale.

De même, la gouvernance du FMI et de la Banque mondiale doit être rééquilibrée pour refléter les poids réels des économies émergentes.

Enfin, des espaces régionaux tels que l’Union africaine, l’ASEAN, le Conseil de coopération du Golfe ou la Communauté andine doivent être pleinement associés aux processus décisionnels globaux.

➔ Ce n’est pas une faveur accordée à certains pays. C’est une nécessité stratégique pour légitimer la gouvernance mondiale de demain.

3. Créer des coalitions d’objectifs globaux

Ce manifeste propose d’aller plus loin que les alliances traditionnelles.

Dans l’esprit des coalitions d’objectifs évoquées par Dominique de Villepin, nous devons rassembler les nations et les acteurs autour de missions précises :

• Coalition pour la transition énergétique universelle, visant la neutralité carbone et l’équité dans l’accès aux technologies propres.

• Coalition pour l’éthique de l’intelligence artificielle, afin d’encadrer les dérives potentielles de la révolution numérique et biotechnologique.

• Coalition pour la sécurité alimentaire mondiale, répondant aux urgences agricoles et nutritionnelles provoquées par le dérèglement climatique.

• Coalition pour la préservation de la biodiversité, pour enrayer l’effondrement silencieux des écosystèmes.

Ces coalitions seront souples, évolutives, et ancrées dans des résultats concrets. Elles transcenderont les rivalités anciennes pour incarner une diplomatie de l’action et de l’impact.

4. Cultiver la mémoire pour nourrir la coopération future

Le multilatéralisme de conviction repose également sur la reconnaissance des blessures historiques.

Colonisation, esclavage, exploitation systémique des ressources naturelles, humiliations économiques du Sud global : tout cela ne peut être balayé par des promesses creuses.

Il faut que la mémoire devienne un ferment de réconciliation, et non un champ de rancunes stériles.

➔ Nous plaidons ici pour un “devoir d’humanité partagée”, où les réparations symboliques et les actions concrètes s’additionnent pour bâtir un avenir apaisé.

5. Intégrer les puissances intermédiaires dans la gouvernance mondiale

Le futur de la diplomatie mondiale ne se jouera pas uniquement entre Washington, Pékin et Bruxelles.

Des puissances dites “intermédiaires” — telles que l’Inde, le Brésil, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Mexique — ont un rôle décisif à jouer.

Leur position charnière leur confère la capacité de désamorcer les tensions, d’impulser des compromis créatifs et d’incarner des modèles alternatifs de développement durable.

Le multilatéralisme de conviction sera inclusif, ou il ne sera pas.

6. Bâtir un multilatéralisme de la responsabilité historique

Pour parachever cette nouvelle architecture, nous devons ancrer la coopération internationale dans une éthique de responsabilité différenciée mais partagée.

Les puissances historiquement responsables des désordres mondiaux doivent porter une part plus lourde de l’effort collectif.

Cependant, chaque nation, chaque région, chaque entreprise, chaque citoyen du monde doit contribuer, selon ses capacités, à la stabilisation de la planète.

Ce sera le fondement moral d’une diplomatie universelle vraiment humaine.

Ainsi, ce manifeste ne se contente pas de proposer un correctif au multilatéralisme actuel.

Il en appelle à sa métamorphose profonde, afin qu’il cesse d’être une simple scène de négociations stériles pour devenir l’atelier de fabrication d’un avenir commun.

Car dans un monde où l’interdépendance est totale, l’échec du multilatéralisme signifiera l’échec de l’humanité tout entière.

Ce manifeste assume cette lucidité, mais il revendique aussi cet espoir immense.

L’humanité est capable du meilleur, pourvu qu’elle se dote des outils adéquats et d’une volonté collective à la hauteur des défis inédits qui s’annoncent.

IV. La souveraineté des nations et la dignité des peuples : retrouver la respiration du monde

La souveraineté des nations est aujourd’hui une idée en péril. Non pas tant sous la menace des conflits traditionnels, mais par l’érosion silencieuse de ses fondements : dérégulations économiques, standardisation culturelle, chaos climatique et numérisation sans limites.

Pourtant, la souveraineté n’est pas un archaïsme. C’est, selon les mots de Kant dans Vers la paix perpétuelle, « la condition première de la liberté des peuples ».

La reconnaître, c’est affirmer que chaque nation doit pouvoir décider de son destin sans être soumise aux diktats des puissances économiques ou technologiques.

Mais à l’ère de l’interdépendance absolue, la souveraineté ne signifie plus isolement.

Elle doit s’articuler avec une éthique de la responsabilité mondiale.

« Être libre, ce n’est pas pouvoir tout faire, mais être responsable de ce que l’on fait. » — Hannah Arendt

Chaque État, par ses choix énergétiques, agricoles, migratoires ou technologiques, agit désormais sur le destin commun de l’humanité.

Ainsi, ce manifeste défend une souveraineté éclairée, enracinée dans la dignité des peuples et tournée vers la co-responsabilité internationale.

1. Refonder la souveraineté à l’heure de l’urgence planétaire

La crise climatique, plus que tout autre défi, a montré que l’exercice souverain ne peut plus ignorer les interdépendances écologiques.

Un pays qui détruit ses forêts ou pollue ses rivières affecte le cycle mondial de l’eau, l’équilibre des océans, la fertilité des sols de régions entières à l’autre bout du globe.

De même, la régulation de l’intelligence artificielle, la maîtrise des biotechnologies, ou la sécurisation des flux alimentaires dépassent de très loin les frontières étatiques.

La souveraineté moderne est donc une souveraineté interconnectée, qui conjugue liberté nationale et solidarité planétaire.

Nous proposons ici un cadre concret :

  • Un pacte de souveraineté responsable, inscrit dans la Charte des Nations unies.
  • Des instances de dialogue souveraineté-mondialisation, où les États confrontent leurs intérêts nationaux aux impératifs globaux.
  • Une définition commune des biens publics mondiaux, à protéger collectivement : climat, biodiversité, santé planétaire, cybersécurité.

2. Élargir la scène diplomatique à toutes les voix du monde

Trop souvent, la souveraineté reste confisquée par quelques puissances.

Nous devons refuser une hiérarchie implicite entre les nations.

« Il n’y a pas de petites nations, il n’y a que de petites ambitions pour elles. » — Adapté d’une idée de De Gaulle

Le Moyen-Orient, par exemple, trop souvent réduit à ses conflits ou à ses ressources énergétiques, mérite d’être reconnu comme un carrefour de civilisations, un pont entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique.

L’Asie du Sud-Est, avec l’ASEAN, incarne une dynamique d’intégration régionale exemplaire, alliant respect des souverainetés nationales et coordination stratégique.

L’Amérique latine, quant à elle, de Bogotá à Buenos Aires, se mobilise pour des solutions de justice sociale face aux inégalités ravageuses du continent.

Ce manifeste propose d’institutionnaliser ces voix au sein des enceintes internationales, non comme figurants, mais comme acteurs majeurs de la refondation mondiale.

3. Protéger la diversité culturelle face à l’uniformisation globale

La mondialisation, si elle enrichit les échanges, menace aussi d’effacer les singularités culturelles.

Or, l’uniformité n’est pas le chemin de la paix durable.

C’est dans la diversité des récits, des langues, des mémoires, que se forgent les ponts de compréhension mutuelle.

Ce manifeste plaide pour :

  • La protection et la valorisation active des patrimoines linguistiques et culturels menacés.
  • L’instauration d’une journée mondiale de la diversité des souverainetés culturelles, pour célébrer les expressions multiples de l’identité humaine.
  • Un soutien accru aux industries culturelles locales, qui incarnent la vitalité des peuples dans la mondialisation.

4. Intégrer les diasporas dans la souveraineté partagée

Les diasporas, souvent vues comme des communautés exilées ou marginales, sont en réalité des acteurs stratégiques de la diplomatie moderne.

Qu’il s’agisse de la diaspora afghane, des communautés africaines en Europe, ou des Latino-Américains aux États-Unis, ces réseaux transnationaux tissent des liens économiques, culturels et politiques précieux.

Nous appelons à :

  • La création de conseils consultatifs des diasporas auprès des institutions internationales.
  • Le développement de programmes de co-développement diasporique, pour renforcer les liens entre pays d’origine et pays d’accueil.
  • La reconnaissance de la double appartenance identitaire comme force et non comme fragilité.

5. Lier souveraineté et dignité : le contrat du XXIe siècle

Au cœur de ce manifeste, il y a cette conviction absolue :

La dignité des peuples est inséparable de la souveraineté réelle des nations.

Pas de dignité sans capacité de décider.

Pas de souveraineté sans respect des identités.

Pas d’ordre mondial durable sans reconnaissance pleine et entière des histoires singulières de chaque peuple.

Ce contrat moral du XXIe siècle doit être scellé devant l’humanité entière.

Car la fragmentation du monde ne sera pas surmontée par l’effacement des différences, mais par leur reconnaissance et leur mise en dialogue.

En ce sens, ce manifeste ne se limite pas à une déclaration de principes.

Il est l’ébauche d’un pacte mondial, à écrire ensemble, à signer collectivement, à incarner dans les politiques publiques et les décisions diplomatiques quotidiennes.

Dans cette réconciliation ambitieuse entre souveraineté et solidarité, c’est l’avenir même de la civilisation humaine qui se joue.

V. Économie, écologie, justice sociale : l’alchimie d’un nouvel équilibre mondial

Il est une vérité incontournable que les crises économiques, la dévastation écologique et les injustices sociales ne sont pas des symptômes isolés : elles forment une chaîne de causalité qui, si elle n’est pas rompue, entraînera l’humanité dans un effondrement global.

Le manifeste le proclame sans détour : il n’existe pas de paix possible dans un monde où la moitié de l’humanité survit pendant que l’autre accumule sans limite.

Si nous échouons à corriger ces déséquilibres systémiques, nous ne courons pas vers une simple aggravation des inégalités, mais vers une désintégration complète de notre contrat civilisationnel.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » — Albert Camus

Il est temps de nommer avec lucidité les menaces qui pèsent sur nous, et de proposer des solutions structurantes.

1. Économie mondiale : refonder la matrice de la prospérité partagée

La mondialisation sauvage a transformé l’économie mondiale en arène de compétition brutale.

Les chaînes d’approvisionnement, censées tisser des solidarités planétaires, ont trop souvent concentré les richesses entre les mains d’une infime minorité, laissant des nations entières dans la dépendance et l’appauvrissement.

Nous devons en finir avec cette économie de la prédation.

Ce manifeste propose :

  • La construction d’un new deal économique mondial, où la redistribution des richesses est intégrée dans les flux commerciaux.
  • La promotion des économies circulaires locales, qui redonnent à chaque communauté la maîtrise de son développement.
  • L’émergence d’une taxation mondiale des transactions spéculatives, pour financer les biens publics planétaires.
  • La valorisation de modèles vertueux déjà à l’œuvre, comme l’économie solidaire du Costa Rica ou la finance éthique islamique, qui conjugue rentabilité et responsabilité sociale.

L’Amérique latine, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud-Est : ces régions sont prêtes à inventer une nouvelle matrice économique mondiale. Elles doivent être au centre du jeu, non à la périphérie.

2. Urgence écologique : dernière frontière avant l’effondrement

La planète ne nous parle plus. Elle crie.

  • Les glaciers fondent à un rythme inédit.
  • Les incendies gigantesques dévastent des écosystèmes millénaires.
  • Les océans s’acidifient, mettant en péril la chaîne alimentaire mondiale.

« La Terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants. » — Proverbe amérindien

Au-delà des slogans creux, ce manifeste exige :

  • L’intégration des droits de la nature dans les constitutions nationales.
  • La création d’un tribunal pénal international pour les crimes écologiques majeurs, afin de juger les écocides.
  • Un fonds mondial pour la transition verte des pays du Sud, financé par la fiscalité carbone internationale.
  • Le développement massif des technologies de dépollution et de régénération écologique, avec transfert libre de technologies vers les nations vulnérables.

L’Afrique, l’Amazonie, les archipels du Pacifique ne sont pas des dommages collatéraux de la croissance mondiale : ce sont les épicentres de la survie de notre espèce.

3. Justice sociale globale : éradiquer l’inacceptable

Le XXIe siècle est porteur d’un paradoxe insupportable : alors que la technologie permet des prouesses inédites, plus de 700 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté.

Ce n’est pas une fatalité. C’est un choix collectif.

Ce manifeste propose de rompre avec l’indifférence :

  • Instauration d’un revenu universel mondial, financé par les dividendes des industries extractives et de la haute technologie.
  • Garantie d’un accès universel à l’éducation, avec un fonds d’investissement pour la jeunesse mondiale.
  • Construction d’un réseau mondial de santé publique, interconnecté pour prévenir les pandémies et offrir des soins de qualité à tous.

Les exemples existent. Le Rwanda a multiplié par trois son taux d’accès aux soins primaires en vingt ans. Le Bhoutan mesure son développement par le “Bonheur National Brut”.

Ces initiatives doivent être amplifiées à l’échelle planétaire.

4. Vers un contrat social mondial : la clé de voûte

Il ne suffit plus de multiplier les engagements déclaratifs.

Ce manifeste appelle à la signature d’un Contrat Social Mondial, incluant :

  • Les États, garants des souverainetés.
  • Les entreprises, premières responsables des chaînes de valeur mondiales.
  • La société civile mondiale, vigie démocratique et éthique.
  • Les jeunesses du monde, actrices du changement intergénérationnel.

Ce contrat sera contraignant, vérifiable et sanctionnable.

Il sera le socle d’un nouvel humanisme, où l’économie sera au service des sociétés, l’écologie deviendra une opportunité collective, et la justice sociale sera la boussole commune.

En résumé, il ne s’agit pas d’un supplément d’âme pour la diplomatie mondiale.

Il s’agit de la condition sine qua non de la survie de l’humanité.

Nous sommes arrivés à ce que Hannah Arendt appelait le seuil de l’irréversible.

Ce manifeste propose de reculer ce seuil, et de rendre possible l’espérance.

« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » — Hölderlin

Il est encore temps.

VI. Vers une diplomatie de l’anticipation et de la responsabilité collective

Il ne suffit plus de constater le désastre.

Il ne suffit plus d’égrener les rapports d’alarme.

L’ère actuelle est celle d’un basculement rapide :

Soit nous entrons dans une gouvernance de l’anticipation, soit nous sombrons dans une gouvernance de la panique.

Ce manifeste appelle à un changement de paradigme radical.

« Gouverner, c’est prévoir. Ne rien prévoir, c’est courir à sa perte. » — Émile de Girardin

1. Sortir de la diplomatie post-crise

Trop souvent, la diplomatie contemporaine ressemble à un sapeur-pompier maladroit, accourant après l’incendie.

Les forums internationaux s’animent seulement lorsque les catastrophes sont déjà déclenchées.

Ce manifeste propose de transformer la diplomatie réactive en diplomatie préventive.

Cela passe par :

  • La création d’un Conseil mondial de l’anticipation stratégique, composé d’experts multidisciplinaires, indépendants des agendas nationaux immédiats.
  • La mise en place de scénarios prévisionnels contraignants, pour préparer les nations aux grands chocs à venir : crise hydrique mondiale, effondrement de la biodiversité, multiplication des migrations climatiques, dérives de l’IA non régulée.
  • L’obligation pour chaque État membre des Nations unies de publier chaque année un rapport national de vulnérabilités stratégiques.

Il ne s’agit plus de subir le futur. Il s’agit de l’inventer lucidement.

2. La responsabilité collective : un impératif d’honneur

Si la responsabilité collective reste un vœu pieux, elle sera inutile.

Elle doit devenir un pilier contraignant de l’ordre international :

  • Chaque puissance économique et militaire majeure doit assumer des obligations spécifiques.
  • Les pays historiquement pollueurs doivent financer les transitions écologiques des nations vulnérables.
  • Les entreprises globales doivent être soumises à une charte mondiale de responsabilité sociétale, avec audits publics.
  • La société civile mondiale, y compris les diasporas et les jeunes générations, doit avoir des sièges avec voix consultative dans toutes les grandes négociations internationales.

« L’histoire est une conspiration permanente contre la dignité de l’homme. » — Albert Camus

Pour inverser cette conspiration, il faut une mobilisation globale.

3. Une veille universelle face aux signaux faibles

Nous vivons l’ère des signaux faibles :

Pandémies silencieuses, pollutions invisibles, fatigue démocratique rampante, radicalisation algorithmique des opinions publiques…

Ce manifeste propose de :

  • Créer un Observatoire mondial des signaux faibles, à l’image du GIEC pour le climat, mais élargi à toutes les menaces globales.
  • Impliquer les universités, think tanks et intelligences citoyennes pour décrypter les dynamiques de crise avant qu’elles n’éclatent.
  • Utiliser l’intelligence artificielle de manière éthique pour détecter les tendances planétaires et élaborer des réponses précoces.

Cela permettra de substituer à la cécité stratégique actuelle une vigilance planétaire partagée.

4. Relier politique étrangère et cohésion intérieure

Aucune nation fracturée intérieurement ne peut être stable à l’extérieur.

Aucune société ignorée par ses gouvernants ne peut participer utilement à la construction de la paix mondiale.

Ce manifeste souligne la nécessité d’une interconnexion constante :

  • Les politiques étrangères doivent intégrer des objectifs de cohésion sociale nationale, pour éviter les fractures internes amplifiées par la globalisation.
  • Les gouvernements doivent associer systématiquement les communautés locales et les mouvements citoyens à l’élaboration de leurs positions internationales.
  • Les fractures intérieures — économiques, identitaires, générationnelles — doivent être considérées comme des vulnérabilités stratégiques mondiales.

Ainsi, la diplomatie devient un miroir de la santé démocratique des nations.

5. La jeunesse mondiale : vigie de notre humanité

La jeunesse n’est pas un simple groupe d’intérêt.

Elle est le cœur battant du futur.

Ce manifeste propose d’instaurer :

  • Un Conseil mondial des jeunesses, rassemblant des représentants des cinq continents pour faire entendre leurs priorités stratégiques.
  • Un droit d’alerte et de proposition dans les grandes enceintes internationales pour les mouvements de jeunesse.
  • Des forums intergénérationnels pour tisser des passerelles entre les générations, afin de bâtir un humanisme diplomatique réellement durable.

« La plus grande erreur que puisse faire la jeunesse est de se croire seule responsable de l’avenir du monde. » — Hannah Arendt

La jeunesse n’est pas seule : elle est l’aiguillon universel de la conscience collective.

VII. Pour un humanisme diplomatique, flambeau universel de notre siècle

« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne d’autrui, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »

— Emmanuel Kant

Au terme de cette traversée, une vérité s’impose avec la force d’un verdict universel :

Si l’humanité n’opère pas aujourd’hui une métamorphose profonde, non seulement la fragmentation du monde s’amplifiera, mais nous glisserons inévitablement vers l’implosion de la civilisation elle-même.

Les signes avant-coureurs sont clairs :

  • Catastrophes écologiques qui ne relèvent plus de la prospective mais de la réalité quotidienne.
  • Algorithmes sans âme, qui décident des destins humains sans éthique ni contrôle démocratique.
  • Populismes numériques, qui enflamment les masses et détruisent les passerelles du dialogue.
  • Explosions migratoires, non plus seulement dictées par la guerre, mais par l’effondrement écologique et social.

L’humanisme diplomatique que nous appelons de nos vœux n’est donc pas une utopie — il est une nécessité existentielle.

Il repose sur un serment simple, que nous pouvons formuler ainsi :

Nous reconnaissons que le destin de chacun est désormais lié au destin de tous.

Nous refusons le cynisme des calculs à court terme qui nous conduirait vers le néant.

Nous embrassons la grandeur d’une politique du vivant, qui met la dignité humaine et la survie de la planète au sommet des priorités.

Ce serment, nous l’adressons :

  • À l’Afrique, qui incarne le poumon démographique et écologique de notre avenir, et dont la voix doit résonner avec puissance dans toutes les enceintes internationales.
  • À l’Amérique latine, porteuse d’expériences inspirantes de justice sociale et de réconciliation communautaire.
  • À l’Asie, matrice de civilisations millénaires et de révolutions technologiques fulgurantes, pour qu’elle conjugue progrès et sagesse ancienne.
  • Au Moyen-Orient, carrefour des civilisations, dont la paix sera la paix du monde entier.
  • À l’Europe, mémoire de tant de tragédies, mais aussi berceau de l’idée même d’humanisme, qui doit assumer sa responsabilité historique.
  • À la Francophonie, force tranquille et plurielle, qui peut devenir le laboratoire vivant de cette nouvelle gouvernance humaine.
  • Et aux jeunesses du monde, dont les rêves doivent être notre boussole collective.

Car c’est bien la jeunesse qui sera la gardienne de ce manifeste.

C’est elle qui devra transformer ces paroles en actes, ces idéaux en institutions, ces espoirs en révolutions paisibles.

Hannah Arendt nous rappelait avec force que “la politique naît là où les hommes se rassemblent pour discuter de ce qui est juste et bon.”

Notre devoir est de faire revivre cette agora planétaire.

Nous devons réhabiliter l’audace de penser ensemble :

  • Des alliances inédites, où le scientifique et le paysan, l’artiste et le diplomate, l’ingénieur et le philosophe, construisent des ponts de solutions concrètes.
  • Des engagements contraignants, où les multinationales, les États, les sociétés civiles sont tous comptables devant l’humanité et la postérité.
  • Des innovations morales, où la technologie ne sera pas seulement un outil de profit mais un levier d’émancipation universelle.

L’humanisme diplomatique, tel que nous le défendons, est un projet de civilisation.

Il est un refus vibrant du fatalisme, un cri d’espérance armée de lucidité.

Il n’est pas seulement une réponse aux crises d’aujourd’hui, mais l’architecture d’un monde réconcilié avec lui-même.

Car il n’existe, en définitive, que deux chemins :

  • Celui de l’effondrement, nourri par l’indifférence et la fuite en avant.
  • Ou celui du sursaut, porté par le courage collectif et la foi en la dignité universelle.

Que notre manifeste soit l’étendard de ce sursaut.

Qu’il soit porté dans les forums mondiaux, diffusé dans les universités, inscrit dans les consciences.

Qu’il devienne non seulement un texte, mais un mouvement, une philosophie vivante, un horizon partagé pour tous les enfants de cette Terre.

Avec fidélité à la mémoire des humanismes passés, et avec audace pour forger les humanismes futurs.

Dr. Naim Asas

13 avril 2025

Conclusion solennelle

Notre choix est clair :

L’humanisme diplomatique, ou le chaos.

Ce manifeste en est la déclaration universelle.

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11 Comments

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